La Suisse et l’esclavage des Noirs

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Description

Cet excellent ouvrage oppose pour la première fois un sérieux démenti au mythe encore persistant d’une Suisse qui n’aurait rien à voir avec l’esclavage. Certes, le pays n’a pas possédé de colonies et n’a pas entretenu de flotte négrière. En outre, le commerce des esclaves a pris place entre le XVIe siècle et la fin du XIXe. En plus, il a été interdit lors du Congrès de Vienne en 1815, date à laquelle la Confédération n’était pas encore née. Mais ces faits ne font pas oublier qu’une certaine élite helvétique a contribué à ce trafic odieux et en a tiré profit. Aux XVIIIe et XIXe siècles, de nombreux ressortissants suisses ont non seulement exploité des esclaves mais en ont également fait commerce. Bâlois, Genevois, Appenzellois ou Vaudois font travailler des centaines de Noirs dans les colonies anglaises, françaises, ou néerlandaises aux Amériques. Ainsi une colonie suisse fondée en Caroline du Sud, où Johannes Tobler (1696-1765), un gouverneur originaire d’Appenzell, détient, notamment, un grand terrain agricole. En 1752, il signale que «les Allemands et les Suisses se distinguent en général des autres colons par leur prospérité [?] Je connais certains Bernois qui ont une à deux mille têtes de bétail, beaucoup de nègres, de maisons et d’autres propriétés extensives.» Les Suisses ne se différencient pas des autres Européens dans le traitement qu’ils réservent à leurs esclaves. Certains sont durs – voire sans pitié – d’autres sont plus modérés mais aucun d’entre eux ne remet en cause le principe même de l’esclavage. Enfin, des soldats suisses iront même jusqu’à contribuer à la répression de révoltes d’esclaves dans plusieurs colonies. Des commerçants helvétiques se sont également fortement enrichis en participant à la traite des Noirs. Une vingtaine de maisons de commerce, établies notamment à Bâle et à Neuchâtel, approvisionnent en produits manufacturés des navires négriers au départ du littoral atlantique. En 1780, les négociants d’origine suisse assurent 80 à 90% du trafic des indiennes, ces toiles peintes fournies comme monnaie d’échange contre des esclaves, produites à Nantes, premier port négrier de France. Des banquiers suisses participent, eux aussi, contre pièces sonnantes et trébuchantes, à des expéditions le long de la côte d’Afrique: bien que coûteux et risqué, le trafic d’esclaves reste un commerce qui peut s’avérer fort juteux. Ainsi pour la compagnie de David de Pury, qui achète plus de 42 000 esclaves en Angola. De 1760 à 1815, en une centaine d’expéditions, les commerçants suisses ont été responsables de la déportation de plus de 172 000 esclaves, soit le 1,5% des 11 à 12 millions de Noirs arrachés à l’Afrique. L’analyse du mouvement antiesclavagiste est particulièrement intéressante. Il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle – presque un siècle après les mobilisations française et anglaise – pour qu’un tel mouvement, à forte composante protestante, prenne véritablement naissance en Suisse. Mais il ne sera pas motivé seulement par des considérations humanitaires. Ainsi l’Association du sou par semaine en faveur des esclaves aux Etats-Unis d’Amérique, fondée à Lausanne en 1858 par un pasteur, M. Béchet de Rossinières, première société créée en Suisse après l’abolition de la traite et durant les dernières années du système esclavagiste aux Etats-Unis. L’objectif est principalement de racheter des esclaves par l’intermédiaire d’agents suisses outre-Atlantique. La récolte de fonds est un véritable succès mais l’Association se garde bien de dépenser tous les dons reçus dans ce but. Comme le déclare son bulletin d’avril 1860: «[?] nous avons à coeur de nous assurer que les individus que nous rachèterons méritent, à un titre ou à un autre, les sacrifices qu’on fait en leur faveur». La religiosité de l’esclave semble être le principal critère retenu pour être «digne» d’être libéré. Enfin, l’Association exigera que le montant du rachat soit remboursé par l’esclave sur ses futurs salaires.
Les auteurs participeront à une table ronde, «La Suisse et l’esclavage des Noirs», le 28 avril entre 10h et 12h au Salon africain, dans le cadre du Salon du livre et de la presse de Genève.

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